Un sac femme de luxe

Que signifie pour moi un sac femme de luxe ?

Tout d’abord, c’est un objet unique et diffèrent par son design. J’apprécie l’authenticité des objets.

Le deuxième point extrêmement important est la qualité des matières premières dans lequel le sac est conçu : en cuir ou en jacquard. La matière doit être noble dans son toucher et dans sa propre conception, elle doit intriguer et raconter son histoire dès que votre main l’effleurera. C’est une des raisons pour laquelle je privilégie de travailler avec des cuirs français ou italiens.

Savez-vous qu’il est compliqué de trouver une belle peau lisse avec un grain naturel, une peau régulière, sans cicatrices et sans coupures provoquées par les cornes des autres animaux ? En faites, la problématique de la beauté de la peau d’un animal est très proche de celle des humains. Notre peau reflète la qualité de notre vie : notre nourriture, les soins apportés, la rudesse ou clémence du climat ; et quand le tanneur achète un lot de peaux brutes (c’est un déchet d’abattoir, car les animaux sont tués pour leurs viandes, et non pour leurs peaux) il fait un grand tri : les plus belles bases (peaux brutes) seront peu transformées, et celles avec défauts seront couvertes de multiples couches de teintures et de grains pour masquer toutes les irrégularités.

Je simplifie un peu pour que cela soit plus clair (en vrai c’est encore plus complexe, et je raconterai cela, petit a petit, le moment venue). Et voilà, les lots des peaux brutes françaises sont hautement appréciés pour la régularité des grains et pour le soin apporté par les éleveurs. Et même si elles sont plus chères à l’achat, c’est des bases qui ont besoin de moins de transformation, on leur laissera la beauté de leur toucher naturel et soyeux et de leur fin grain originel. Hors, aujourd’hui nous mangeons de moins en moins de viande, l’industrie automobile utilise de plus en plus de cuir pour équiper ses voitures, et les belles bases brutes sont de plus en plus rares… et donc chères.

Puisqu’on parle de peaux et de tanneurs, je souhaiterai évoquer un autre sujet – l’environnement. Le travail des tanneurs est très polluant, car c’est le traitement des déchets : si vous visitez des usines d’Afrique du Nord ou d’Asie vous verrez dans quelle condition travaille les personnes et l’ampleur des dégâts causés à la planète par ces déchets versés directement dans les rivières. Mais, ce n’est pas le cas des tanneurs européens. Il faut savoir qu’en France et en Italie les tanneurs sont obligés de construire des réseaux de nettoyage d’eaux usées. Savez-vous qu’avant d’être rejetées dans la nature les eaux passent par 11 parfois 13 bains filtrants et qu’à la sortie l’eau est plus propre que celle qui fut prise en début de process? Sans parler des conditions de travail des tanneurs français en comparaison avec les autres pays.

Troisième point important dans la conception d’un sac femme de luxe c’est le travail de l’artisan. Il faut du temps et du calme pour créer un joli objet. Le cuir ne pardonne ni un faux pas, ni une fausse piqure. Et il faut faire quelque milliers de kilomètres de piqures avant de pouvoir en réaliser une belle et régulière à la main ou à la machine à coudre. L’art de la maroquinerie de luxe est avant tout un art de sublimation du cuir d’une part et l’art de la maitrise des parties cachées. Car il faut des heures et des heures d’étude des divers renforts à employer, des épaisseurs de cuir à obtenir, des tranches de cuir à lisser, à teinter, et à lisser à nouveau afin de mettre au point un nouveau modèle de sac… Nous travaillons avec une matière vivante qui nous réserve parfois des surprises, une matière unique qui est l’un des plus jolis ouvrage de la Nature. Son nom est Le Cuir. Nous apprenons sans cesse à l’affiner, le renforcer, le contre-coller, le matelasser, l’humidifier, le tirer, le retourner et le torturer de nombreuses autres façons, mais toujours avec un grand soin mêlé à une profonde estime et un perpétuel enchantement avant de réussir à le transformer dans Un Sac Femme de Luxe.